victimes attentat

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(Lundi 18 août 2003)

La France s'oppose à la levée des sanctions contre la Libye sans accord "équitable"

Le projet de résolution britannique levant les sanctions imposées à la Libye à la suite de l'attentat de Lockerbie a été formellement déposé devant le Conseil de sécurité lundi en fin de journée.
La France cherche à obtenir un accord "équitable" avec la Libye, quatorze ans après l'attentat contre un avion d'UTA, pour éviter de recourir à son droit de veto aux Nations unies où la Grande-Bretagne a déposé un projet de résolution attendu avec impatience par Tripoli.

Les autorités françaises ont multiplié les contacts ce week-end et devraient en avoir d'autres dans les jours qui viennent pour tenter d'arracher un accord avec la Libye "sur des indemnités équitables par rapport à celles que recevront les ayants droit des victimes de l'attentat de Lockerbie", selon le ministère français des affaires étrangères.

La Libye vient de reconnaître sa responsabilité dans l'attentat contre le Boeing de la PanAm qui avait explosé en décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, faisant 270 morts. Elle s'est engagée à verser 2,7 milliards de dollars d'indemnités de dédommagement aux victimes de cet attentat, soit beaucoup plus que ce qui a été proposé pour les familles de victimes de l'avion français, soit 35 millions de dollars. Cet attentat contre un DC-10 de la compagnie UTA, un an après Lockerbie, avait fait 170 morts.

En dépit du refus catégorique des autorités libyennes, qui dénoncent un "chantage" de la France, Paris "veut y croire". "A nos yeux, une solution est possible", a-t-on assuré lundi de source diplomatique. Le Quai d'Orsay apporte un soutien politique aux négociations actuellement menées avec Tripoli par un collectif de 97 familles des victimes du vol UTA 772, qui seraient sur le point d'être finalisées. "Après plusieurs réunions en juillet et en août, nous avons abouti à un projet de document assez complet, mais il nous faut encore une dernière réunion pour conclure l'accord et signer. Cela pourrait être une question d'heures", a affirmé lundi le porte-parole de ce collectif, Guillaume Denoix de Saint-Marc.

LEVÉE DES SANCTIONS "AVEC EFFET IMMÉDIAT"


Le Quai d'Orsay mise sur cette dernière chance pour éviter d'avoir recours à son droit de veto devant le Conseil de sécurité de l'ONU, où Londres a déposé, lundi en fin de journée, un projet de résolution demandant la levée des sanctions pesant sur la Libye. Sur ce point, la position de fermeté adoptée par la France ces derniers jours n'a pas varié. Un accord "équitable" est une "condition indispensable" avant toute levée des sanctions, a rappelé lundi le porte-parole adjoint du ministère français des affaires étrangères, Mme Cécile Pozzo di Borgo.

Traditionnellement, un délai minimal de vingt-quatre heures doit intervenir entre le dépôt officiel d'un projet de résolution et sa mise au vote mais, si les auteurs du texte l'acceptent, il peut être étendu, sans limitation de durée, pour laisser la possibilité de régler d'éventuels points de désaccord. De source diplomatique à Paris, on estime que ce délai pourrait être de quelques jours, suffisamment espère-t-on pour clore définitivement les négociations ouvertes avec la Libye.

Le projet de résolution britannique "est très simple et direct, il ne laisse pas de place pour discuter du vocabulaire", a indiqué un diplomate s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. Selon l'AFP qui a obtenu une copie de ce texte, il serait en effet très court. Son premier paragraphe lève "avec effet immédiat" les sanctions prises contre la Libye, le second dissout la commission mise en place pour surveiller leur mise en œuvre et le troisième supprime officiellement le sujet de l'agenda du Conseil.


Quant aux déclarations plutôt négatives rendues publiques jusqu'à présent par la Libye, le Quai d'Orsay n'y voit rien de définitif. "Nous considérons que cela ne ferme pas la porte", assure-t-on de source diplomatique à Paris.

Avec AFP

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