victimes attentat

(Samedi 11 octobre 2003, 15h22)

Jacques Chirac met en garde la Libye à propos du dossier UTA

RABAT/PARIS (Reuters) - Jacques Chirac a adressé samedi une ferme mise en garde à la Libye, soulignant que le non-respect des engagements pris dans le dossier du DC-10 d'UTA exposerait Tripoli à "des conséquences", décidées "sans agressivité" mais "sans faiblesse".

Le délai fixé pour un accord d'indemnisation par le régime libyen des familles des 170 victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989 au dessus du Niger expire ce samedi à minuit.

"Je veux croire que ces engagements seront tenus. Si d'aventure, ils ne l'étaient pas, cela ne pourrait pas ne pas avoir de conséquences sur les relations entre nos deux pays", a dit le président français lors d'une conférence de presse, au terme de sa visite d'Etat au Maroc.

"Nous observons la situation, et nous en tirerons les conclusions qui s'imposent sans agressivité et sans faiblesse", a-t-il souligné.

"C'est ce soir l'échéance, je ne veux donc pas préjuger des choses", a précisé Jacques Chirac.

La date-limite du 11 octobre figure formellement dans l'accord de principe sur une indemnisation intervenu le 11 septembre entre les associations des familles et la Fondation Kadhafi, présidée par un des fils du dirigeant libyen, Seïf el-Islam.

Interrogé samedi par Reuters, le porte-parole du collectif des familles, Guillaume Denoix de Saint-Marc, dont le père a trouvé la mort dans l'attentat, a indiqué qu'il n'y avait "aucun élément nouveau".

"Les derniers contacts productifs datent du 19 septembre", a-t-il ajouté, faisant référence à la venue à Paris d'un négociateur libyen.

"Nous avons proposé un calendrier aux Libyens et nous n'avons reçu aucune réponse", a-t-il dit en estimant que ce délai imprévu était sans doute dû à des conflits politiques internes en Libye.

Il a ajouté qu'en cas d'échec les familles des victimes procèderaient à de nouvelles "actions" pour se faire entendre des Libyens.


"PRESSIONS DIPLOMATIQUES ET ÉCONOMIQUES"

L'association SOS-Attentats, qui représente aussi des familles de victimes, a fait savoir de son côté vendredi qu'en cas d'échec samedi soir elle demandera au gouvernement français, "qui a cautionné l'accord de principe, d'exercer tous les moyens de pression diplomatiques et économiques pour obtenir satisfaction".

Le Quai d'Orsay avait fait savoir mercredi dernier qu'il restait "très attentif" au respect des dispositions convenues entre les familles et la fondation Kadhafi.

Selon SOS-Attentats, les familles ont rejeté une proposition d'indemnisation d'un million de dollars par victime.

"L'accord du mois dernier fait état d'une somme juste et équitable. Nous attendons toujours une nouvelle offre de Tripoli", a précisé cette semaine à Reuters une porte-parole de l'organisme.

Dans le dossier du Boeing de la Panam, qui a explosé au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, la Libye a accepté en août de verser 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes de l'attentat de 1988.

Certains proches des victimes du vol UTA ont touché de 3.000 à 30.000 euros au terme d'un procès en 1999 à Paris mais une partie des familles n'a jamais été indemnisée.

Une interview du président de Seïf al-Islam Kadhafi, publiée quelques jours après l'accord du 11 septembre, a semé le trouble chez les familles des victimes du DC-10.

Le fils de Mouammar Kadhafi demandait notamment que soit trouvée une "solution" pour les six Libyens condamnés par contumace en 1999 et évoquait, en vue de l'indemnisation des familles, la création d'un fonds spécial auquel participeraient des entreprises françaises implantées en Libye.

La signature de l'accord de principe entre les familles du DC-10 et la fondation Kadhafi a permis la levée définitive des sanctions prises par les Nations unies à l'encontre de la Libye après l'attentat de Lockerbie.

Paris avait menacé d'utiliser son veto lors de ce vote si un accord d'indemnisation "juste et équitable" n'était pas trouvé avec les familles du DC-10.

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