victimes attentat

(Dimanche 12 octobre 2003, 18h27)

Vers un accord cette semaine pour les victimes du DC-10 d'UTA ?

PARIS (Reuters) - Un accord d'indemnisation pourrait être conclu cette semaine entre les familles des victimes de l'attentat du DC-10 d'UTA et la Fondation Kadhafi, qui ont renoué le contact samedi après la mise en garde de Jacques Chirac aux autorités libyennes.

"Je pense qu'il y a tout à fait la possibilité qu'on trouve un accord définitif avant la fin de la semaine", a déclaré à Reuters Guillaume Denoix de Saint Marc, qui représente une partie des proches des 170 victimes.

"C'est faisable", a-t-il ajouté, précisant que la Fondation Kadhafi lui avait proposé de se rendre à Tripoli lundi soir avant une réunion de travail mardi.

Le collectif qu'il préside a de son côté proposé que ce soient les négociateurs libyens qui viennent à Paris en début de semaine pour reprendre les discussions, au point mort depuis le 19 septembre.

Les contacts entre la Fondation et le collectif de familles du DC-10 en colère ont repris samedi en fin d'après-midi, juste avant l'expiration du délai fixé par l'accord de principe signé le 11 septembre dernier entre les associations des familles et la Fondation Kadhafi, présidée par un des fils du dirigeant libyen, Seïf el-Islam.

Quelques heures plus tôt, Jacques Chirac avait adressé une ferme mise en garde à la Libye, soulignant que le non-respect des engagements pris dans le dossier du DC-10 d'UTA exposerait Tripoli à "des conséquences", décidées "sans agressivité" mais "sans faiblesse".

"Sans l'intervention (de Jacques Chirac), je crois que nous n'aurions même pas eu de contact avec la Fondation", a expliqué à Reuters Françoise Rudetzki, présidente de SOS-Attentats.

"Cela me conforte dans l'idée que les négociations auraient dû se dérouler d'Etat à Etat", a-t-elle ajouté, espérant désormais une offre "chiffrée et concrète" de la Fondation "dans les jours qui viennent".


DERNIERE PROPOSITION: UN MILLION DE DOLLARS

Qu'elles se tiennent à Tripoli ou à Paris, les discussions porteront sur le montant des indemnités supplémentaires, le calendrier de versement et les modalités de répartition entre les familles des victimes de 18 nationalités différentes.

Au lendemain de la signature de l'accord de septembre, le fils de Mouammar Kadhafi avait évoqué la création d'un fonds spécial auquel participeraient des entreprises françaises implantées en Libye. Une proposition qualifiée au mieux de farfelue au pire d'inacceptable par les familles.

Du reste, pour Françoise Rudetzki, "il n'y a plus rien à négocier". "Nous avons suffisamment discuté. Nous sommes en droit d'obtenir une proposition concrète, comme le stipule l'accord de septembre", signé 14 ans après l'explosion du DC-10 au dessus du désert du Ténéré, au Niger.

Une fois cette offre sur la table, la présidente de SOS-Attentats réunira les familles qui se prononceront pour ou contre avant une éventuelle signature finale.

A la mi-journée dimanche, le ministère des Affaires étrangères a fait savoir qu'il restait "très attentif" et suivrait "de très près" le dossier.

Selon SOS-Attentats, les familles ont rejeté une proposition d'indemnisation d'un million de dollars par victime. "Cela reste leur dernière proposition", a confirmé dimanche le président du collectif des familles en colère, estimant qu'elle était insuffisante.

Dans le dossier du Boeing de la Panam, qui a explosé au-dessus de Lockerbie, en Ecosse, la Libye a accepté en août de verser 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes de l'attentat de 1988.

Certains proches des victimes du vol UTA ont touché de 3.000 à 30.000 euros au terme d'un procès en 1999 à Paris mais une partie des familles n'a jamais été indemnisée.

"Le problème n'est pas seulement un problème d'argent. Il faut arriver à une conclusion honorable. C'est ca le plus important", a insisté Guillaume Denoix de Saint Marc, qui a perdu son père dans l'explosion du 19 septembre 1989.

Retour au menu presse 2003