victimes attentat

(mardi 14 octobre 2003, 23h49)

DC-10 D'UTA: la Libye suspend les négociations avec les familles des victimes

TRIPOLI (AFP) - La Libye "suspend" ses négociations avec les familles des victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, a déclaré le chef de la délégation libyenne à Paris, Salah Abdel Salam, joint par téléphone mardi soir à partir de Tripoli.

"Nos doutes se sont avérés" à propos des intentions du gouvernement français "après que le ministère des Affaires étrangères français eut essayé de se soustraire à l'accord" conclu le 11 septembre sur l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat, a déclaré M. Abdel Salam.

"Par conséquent, nous ne poursuivrons pas les négociations, elles ont été suspendues", a-t-il dit, ajoutant : "A cause de cette déclaration (du ministère français, NDLR), nous rentrons en Libye".

"Nous en avons informé les familles des victimes avec qui nos négociations se sont déroulées dans un bon climat", a-t-il ajouté.

"Les propositions actuelles", formulées avant que les négociateurs libyens ne suspendent les discussions, "ne sont pas conformes aux souhaits exprimés par la majorité des familles des victimes du DC 10", a réagi Françoise Rudetzki, présidente de SOS Attentats, qui a participé côté français aux discussions avec les négociateurs libyens, quatre représentats de la Fondation Khadafi.

Elle a ajouté que son organisation restait "totalement ouverte à une reprise des discussions avec la délégation libyenne sur des bases saines, transparentes et appropriées".

L'attentat contre le DC-10 d'UTA avait fait 170 morts de 17 nationalités, dont 54 Français, au-dessus du désert du Ténéré (Niger).

L'accord du 11 septembre, qui avait permis au Conseil de sécurité de l'Onu, de lever les sanctions internationales pesant contre Tripoli, est l'objet d'interprétations très différentes de la part de la Libye et des familles françaises.

Washington et Londres avaient auparavant obtenu, en août, un accord sur l'indemnisation des victimes de l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en 1988.

Le fils du dirigeant libyen, Seïf al-Islam, président de la Fondation Kadhafi, l'organisme qui mène les négociations, avait affirmé récemment à la presse que l'accord prévoyait de "payer au maximum un million de dollars par victime et (que) les Français l'ont accepté".

Pour les familles, en revanche, ce qui a été signé le 11 septembre est un accord de principe prévoyant un engagement à conclure les négociations d'indemnisation dans un délai d'un mois.

Compliquant les discussions, Seïf al-Islam a fait état lundi d'un accord en six points, conclu le même 11 septembre, dont le contenu était "secret", mais que sa fondation "se réservait le droit de publier au moment (...) opportun".

Le Quai d'Orsay a démenti mardi ces affirmations. "Il n'y a aucun accord secret de quelque type que ce soit, de quelque nature que ce soit", a assuré son porte-parole, Hervé Ladsous. "Nous avons toujours considéré que cette affaire devait se régler dans la transparence la plus totale entre les familles et la Fondation", a-t-il ajouté.

La délégation libyenne dirigée par M. Abdel Salam, directeur de la Fondation Kadhafi, s'était rendue lundi à Paris pour poursuivre les négociations.

Après que le président français Jacques Chirac eut fermement rappelé samedi à la Libye ses engagements, les contacts avaient repris in extremis, quelques heures seulement avant l'expiration samedi à minuit d'un délai d'un mois, fixé le 11 septembre, pour conclure les négociations.

"J'ai vu un signe positif dans le fait que, à la limite du temps imparti, les négociations ont été reprises", avait dit M. Chirac dimanche.

"J'espère que ces négociations donneront un résultat positif", avait-il poursuivi, ajoutant souhaiter que "les engagements pris au plus haut niveau par la Libye -s'agissant aussi bien du chef de l'Etat (Mouammar Kadhafi) que du président de la Fondation Kadhafi- soient respectés".

Retour au menu presse 2003