victimes attentat

(Vendredi 5 décembre 2003, 17h37)

Chirac appelle à une relation "confiante" avec Tripoli

Jacques Chirac a fait vendredi un geste en direction de Mouammar Kadhafi, alors que les négociations sur l'attentat du DC-10 d'UTA sont au point mort, en appelant de ses voeux "une relation pleine et confiante" avec la Libye.

"Je me réjouis de retrouver les représentants de la Libye, avec lesquels la France a l'espoir de pouvoir établir une relation pleine et confiante", a dit le président français lors de l'ouverture du sommet "5+5" à Tunis.

Ce forum informel lancé en 1991 réunit cinq Etats du sud de l'Europe (Portugal, Espagne, France, Italie, Malte) et les cinq Etats membres de l'Union du Maghreb arabe (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie).

Le colonel Kadhafi participe au sommet. La partie française a indiqué qu'aucune rencontre entre Jacques Chirac et le dirigeant libyen n'était prévue en marge du "5+5".

L'atmosphère était froide vendredi entre Jacques Chirac et Mouammar Kadhafi, qui sont assis à la même tribune mais séparés par l'hôte du sommet, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.

Les présidents français et libyen n'ont pas échangé un regard lors de leur arrivée au Palais des congrès de Tunis, où se tient le sommet jusqu'à samedi, et en cours de séance.

Jacques Chirac a adressé jeudi soir une nouvelle mise en garde à Tripoli sur le dossier du DC-10 d'UTA, à l'occasion de sa visite d'Etat en Tunisie qui s'est achevée vendredi matin.

"J'ai tout lieu de penser et d'espérer, sans pouvoir le garantir, que les négociations vont être reprises pour une phase finale", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

"Je le souhaite fortement car c'est un problème - même si ce n'est pas un problème d'Etat à Etat - qui porte une ombre aux relations entre la France et la Libye, et ces relations dépendront de l'issue qui interviendra", a-t-il dit.

"INSUFFISANTE BONNE VOLONTE" "Si un accord intervient, c'est très bien, si un accord n'intervient pas, nous serons obligés de tenir compte de cette situation que nous considérerons comme une situation d'insuffisante bonne volonté", a-t-il ajouté.

Lors de sa visite d'Etat au Maroc, le 11 octobre, Jacques Chirac avait prévenu que la France tirerait "sans agressivité" mais "sans faiblesse" les conséquences du non-respect par Tripoli de ses engagements en faveur de l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat de septembre 1989 contre le DC-10 d'UTA.

Les négociations sur l'indemnisation des proches des 170 victimes de 17 nationalités différentes, dont 54 françaises, ont été suspendues à la mi-octobre, peu après l'avertissement de Jacques Chirac.

Les familles ont lancé cette semaine un appel au président français pour qu'il débloque les négociations.

Un accord de principe a été conclu en septembre entre les familles et la fondation Kadhafi, dirigée par l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Seïf al-Islam Kadhafi.

Ce dernier accuse depuis lors Paris d'avoir renié ses engagements, évoquant un document confidentiel qui aurait été signé entre Tripoli et les autorités françaises, également en septembre.

Il affirme que les négociations ne pourront reprendre tant que la France refusera notamment de discuter de contreparties financières pour la mort de trois aviateurs libyens tués par l'armée française dans les années 80 au Tchad.

Les négociations dans le dossier du DC-10 d'UTA ont été relancées au mois d'août après le versement par Tripoli de 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes de l'attentat contre un Boeing de la Panam en décembre 1988 au-dessus de Lockerbie, en Ecosse.

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