victimes attentat

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(mercredi 28 avril 2004, 16h58)

Kadhafi encourage les Européens à faire contrepoids aux Etats-Unis


BRUXELLES (AFP) - Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a appelé mercredi l'Europe "à se réveiller" et faire entendre sa voix en Irak et dans le conflit du Proche-Orient, au terme d'une visite officielle historique entourée du plus grand faste à Bruxelles.

En voie de réhabilitation aux yeux de la communauté internationale, M. Kadhafi, qui s'était posé la veille en "chef de file pour la paix", a toutefois livré une justification a posteriori du terrorisme, conséquence à ses yeux d'un monde "en déséquilibre".

Dans ce contexte, le dirigeant libyen a encouragé les Européens à assumer leur "rôle historique" face à la superpuissance américaine, au risque sinon de voir la planète sombrer "dans la loi de la jungle".

"Le terrorisme est le résultat du déséquilibre que traverse actuellement le monde", a déclaré Mouammar Kadhafi lors d'une intervention au Parlement belge.

Il a avancé une définition controversée selon laquelle "le terroriste est celui qui est forcé de se défendre pour récupérer (ses) droits par des moyens brutaux car il n'en a pas d'autres".

"Quand vous êtes ciblés, vous êtes disposé à mettre des ceintures (d'explosifs) autour du corps, à piéger des voitures (...) pour défendre la famille", a-t-il souligné dans un long monologue en arabe, traduit en français.

Le dirigeant libyen a renchéri dans un entretien diffusé peu après sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), où il a affirmé qu'il ne regrettait "absolument pas le passé".

"On nous a accusés d'être terroristes, mais c'était le prix qu'on devait payer. Si c'est cela le terrorisme, on est fiers d'être terroristes parce qu'on a aidé à la libération du continent (africain)", a-t-il dit.

M. Kadhafi a prôné à Bruxelles un rôle accru de l'Europe pour remédier aux déséquilibres du monde actuel. "Il faut que l'Europe regagne sa confiance et qu'elle se débarrasse de ses complexes (...) qu'elle se réveille avant qu'il ne soit trop tard", a-t-il fait valoir devant les députés et sénateurs belges.

"Je voudrais entendre la voix de l'Europe en ce qui concerne la tragédie actuelle de l'Irak", a-t-il souligné, en dénonçant "l'occupation" du pays par la coalition dirigée par les Etats-Unis.

"Nous devons questionner ceux qui ont entrepris cette occupation de l'Irak, sinon on se dirige vers la loi de la jungle", a-t-il ajouté.

A propos du conflit israélo-palestinien, le chef de l'Etat libyen a aussi émis le "souhait que l'Europe contribue à régler le problème du Proche-Orient de façon directe et ne soit pas marginalisée".

M. Kadhafi a estimé qu'il "ne peut y avoir deux Etats", israélien et palestinien, comme le soutient le plan de paix de la communauté internationale parrainé par le Quartette (Etats-Unis, UE, Russie, Nations unies), mais un seul.

"La solution est à mon avis la construction d'un Etat démocratique pour tous", a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs estimé que "la coopération entre l'Union européenne et l'Union africaine revêtait une importance majeure".

Mouammar Kadhafi a terminé son discours au Parlement belge par une explication de texte sur la Jamaariyah (démocratie populaire directe) libyenne. D'abord amusés, les députés et sénateurs sont restés quelque peu interloqués, lorsqu'il a qualifié le système représentatif "d'imposture" et leur a prédit avec un sourire qu'un jour "le peuple s'assiera à votre place".

Les autorités européennes et belges ont déroulé le tapis rouge tout au long de la visite du dirigeant libyen, sa première hors du continent africain et des pays du Proche-Orient depuis 15 ans.

M. Kadhafi, toujours entouré de ses gardes du corps féminins en treillis militaire bleu foncé, a pris lui un malin plaisir devant une telle attention, se disant "ravi" de l'hospitalité de ses hôtes.

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