victimes attentat

(mardi 23 novembre 2004, 23h27)

Chirac en Libye avant le sommet francophone au Burkina Faso

PARIS (Reuters) - Jacques Chirac se rend ce mercredi en Libye pour y parachever la normalisation des relations avec Tripoli, avant de participer au Xe sommet de la Francophonie au Burkina Faso.

Lors de son périple, le chef de l'Etat français aura l'occasion d'aborder largement les dossiers proche-orientaux et la situation en Côte d'Ivoire, qui sera l'un des principaux sujets discutés à Ouagadougou.

Le sommet devrait ainsi favoriser la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire, a déclaré mardi le porte-parole de l'Elysée, Jérôme Bonnafont.

Jacques Chirac arrivera mercredi en fin d'après-midi à Tripoli et en repartira le lendemain à la mi-journée pour gagner le Burkina Faso, où il restera du 25 au 27 novembre.

La visite de Jacques Chirac à Tripoli est la première d'un chef d'Etat français depuis l'indépendance de la Libye en 1951.

"Il s'agit d'ouvrir un nouveau chapitre de nos relations, cette visite est l'aboutissement d'un processus de normalisation progressive", souligne Jérôme Bonnafont.

Pour Paris, cette visite arrive "à point nommé" puisque les "préalables" à une normalisation ont été levés, la Libye ayant fait "des gestes forts et concrets" comme la renonciation complète à la prolifération des armements et à tout programme interdit.

Les relations franco-libyennes avaient commencé à se réchauffer en janvier dernier après la conclusion d'un accord d'indemnisation des familles des 170 victimes de l'attentat contre un DC-10 d'UTA en 1989.

"Il semble que la Libye ait payé la totalité de ce qu'elle devait" aux familles, a dit Jérôme Bonnafont.

Une information confirmée par Guillaume Denoix de Saint Marc, qui avait signé en janvier l'accord avec la fondation Kadhafi pour le collectif des familles.

"L'accord, portant sur 170 millions de dollars, prévoyait quatre versements qui ont été effectués en temps et en heure à la Caisse des dépôts et consignations", a-t-il dit à Reuters.

Le décret permettant la création d'une fondation chargée de répartir cette somme entre les familles a été publié mardi.


"VERSEMENTS EN TEMPS ET EN HEURE"

Jacques Chirac a été précédé à Tripoli par le Premier ministre britannique, Tony Blair, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, et dernièrement par le chancelier allemand, Gerhard Schröder, après l'accord d'indemnisation des victimes de l'attentat de 1986 contre une discothèque de Berlin.

La normalisation entre Paris et Tripoli avait déjà avancé lors de la visite en France de responsables libyens, comme le ministre des Affaires étrangères Mohamed Abdel-Rahman Chalgam.

Les grands accords avec Tripoli, notamment dans le domaine du tourisme, ont été conclus avant le voyage de Jacques Chirac, certains très récemment.

Le ministre libyen des Finances a signé lundi avec le ministre français du Commerce extérieur un protocole sur la "non double imposition" des entreprises entre les deux pays.

Il a également entériné le règlement par Tripoli de ses arriérés Coface d'un montant de 44,4 millions d'euros.

Au Burkina Faso, Jacques Chirac va pouvoir défendre des sujets qui lui sont chers puisque le thème du Xe sommet de la Francophonie est le développement durable.

Il avait déjà proposé des "initiatives" pour développer la microfinance - au moment où l'Assemblée générale des Nations unies proclamait l'année 2005, année internationale du microcrédit - au G8 de Sea Island.

Le président français relancera cette idée à Ouagadougou, parallèlement à son projet d'impôt international pour mieux lutter contre la pauvreté, et confirmera l'accueil par la France d'une conférence sur le microcrédit en juin prochain.

Cependant, l'essentiel des discussions à huis clos de la trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement présents à Ougadougou devrait porter sur les conflits régionaux, comme celui du Darfour et, surtout, de la Côte d'Ivoire.

Paris s'attend à l'adoption d'une résolution particulière confirmant le "soutien ferme" du sommet aux efforts de la communauté internationale, en particulier de la France, pour faire aboutir le processus de réconciliation nationale.

Le sommet "réitérera que la solution militaire n'est pas une option, que les violations du cessez-le-feu ne sont pas acceptables et que la voie du dialogue est la seule possible", a souligné Jérôme Bonnafont.

La France, qui a rapatrié plus de 8.000 de ses ressortissants de Côte d'Ivoire après une vague de manifestations, a récemment obtenu le vote par l'Onu d'un embargo sur les ventes d'armes à ce pays.

Prié de dire si le président ivoirien Laurent Gbagbo était susceptible de se rendre au sommet de la Francophonie, bien qu'il ait accusé Ougadougou de servir de base arrière aux rebelles, le porte-parole de l'Elysée a répondu : "nous n'avons pas d'indications à cet égard".

"Le président ne devrait pas participer au sommet et devrait être représenté par son ministre de la Culture et de la Francophonie, Anne Malan Messou", a déclaré pour sa part Toussaint Alain, conseiller à la présidence ivoirienne et proche de Laurent Gbagbo.

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