victimes attentat

(lundi 13 décembre 2004, 15h08)

Bilan assez positif pour la Libye : 2004, l'année de tous les changements


L'année 2004 aura été celle de tous les changements pour la Libye, à la fois sur le plan politique avec son retour en grâce sur la scène internationale et sur le plan économique avec l'amorce de réformes qui tranchent avec le dirigisme étatique.
Tout a commencé le 19 décembre 2003, lorsque, à la grande surprise mondiale, Tripoli a révélé son programme d'armes de destruction massive et s'est engagé à y renoncer, après des négociations secrètes avec Washington et Londres.

"Le monde a changé" a reconnu le numéro un libyen Mouammar Kadhafi à l'occasion du 35e anniversaire de son accession au pouvoir, le 1er septembre, pour expliquer sa politique d'ouverture tous azimuts vers l'Occident, Etats-Unis en tête. "Nous nous sommes beaucoup insultés, mais en fin de compte nous étions tous perdants", avait-il ajouté pour justifier sa volonté d'effacer l'image d'"Etat voyou" qui a été celle de Tripoli pendant plus de vingt ans.

Désormais, officiels et médias libyens répètent à l'envi que dans ce monde, il "n'existe pas d'amitié éternelle, ni d'hostilité éternelle, il n'y a que les intérêts" économiques qui comptent. L'un après l'autre, la libye a réglé ses conflits avec les pays occidentaux. La fondation Kadhafi, dirigée par Saif Al-Islam le fils aîné du dirigeant libyen, a été le maître d'œuvre de ces règlements, d'un prix de plusieurs milliards de dollars pour Tripoli.

Elle a signé un accord avec la France pour dédommager les victimes de l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989 (170 morts), en s'engageant à verser 170 millions de dollars aux familles. Elle s'est aussi mise d'accord avec l'Allemagne pour verser 35 millions de dollars de dédommagements pour l'attentat contre la discothèque berlinoise “La Belle” en 1986 (3 morts et 260 blessés). Déjà en 2003, la Libye avait accepté le paiement de 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie (Ecosse) en décembre 1988 (270 morts).

Tripoli et Washington ont renoué en juin 2004 leurs relations diplomatiques après une rupture de 24 ans et depuis, officiels et parlementaires américains se succèdent chez le "chef de la révolution libyenne", qui a tant décrié "l'impérialisme américain".Les Européens qui ont levé en octobre les sanctions à l'encontre de la Libye, sont venus en nombre à Tripoli, notamment le Britannique Tony Blair, l'Italien Silvio Berlusconi et l'Allemand Gerhard Schroeder.

Le Président français Jacques Chirac a été le dernier haut dirigeant européen à sceller la réconciliation entre son pays et la Libye. Il a indiqué que l'objectif de son voyage était d'établir un "vrai partenariat" politique et économique avec Tripoli. La "Nouvelle Libye" entend faire du pétrole, sa principale ressource, le coeur de son ouverture économique. Elle compte à cet effet associer le maximum de compagnies internationales à son exploitation.

Selon son Premier ministre Choukri Ghanem, économiste formé aux Etats-Unis et ancien ministre du Pétrole, Tripoli, membre de l'Opep, a pour ambition de doubler sa production pour atteindre 3 millions de barils par jour en 2010. M. Ghanem qui a reçu la carte blanche pour rouvrir le pays aux investisseurs étrangers et démanteler l'économie administrée, source de corruption et de gaspillage, estime que l'investissement nécessaire pour atteindre cet objectif tournerait autour de 30 mds de dollars.

Les compagnies américaines sont sur les rangs, mais elles ne sont pas les seules. Les groupes pétroliers français, italiens et espagnols (Total, Agip et Repsol), et canadiens, ne veulent pas laisser passer l'occasion de se renforcer dans l'exploration du sous-sol libyen.

En 2004, Tripoli s'attend à encaisser un pactole de quelque 15 milliards de dollars de ses exportations pétrolières, en raison de la flambée des prix du brut.
Sur un autre plan, la Libye doit relever le défi de lutter contre le phénomène de l'immigration clandestine qui inquiète notamment les dirigeants italiens, pour rétablir entièrement les ponts avec l'Europe.

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