victimes attentat

(Jeudi 10 février 2005)

France-Libye
Le choix des armes

Jean Guisnel (à Tripoli)

Comme une statue de cire, le colonel Kadhafi attend Michèle Alliot-Marie dans son bureau de la caserne Bab Aziza. Quand la ministre française s'avance, il la salue d'un « bonjour, Michèle. Comment va mon ami le président Chirac ? ». L'homme est attentif et souriant, tandis que le protocole raccompagne les journalistes.

Dans les années 70, la France a équipé l'aviation militaire libyenne de dizaines de Mirage. Mais, dans les années 80, de violents affrontements consécutifs à l'invasion du Tchad puis à l'attentat contre le DC-10 d'UTA en 1989 ont éclaté entre les deux pays. Ce dossier réglé et Tripoli ayant abandonné ses velléités nucléaires et balistiques, Chirac avait pu effectuer une visite à Tripoli fin 2004. Et Michèle Alliot-Marie s'est à son tour déplacée le 5 février pour signer un accord-cadre préparant des avancées portant sur le rôle respectif des deux pays en Afrique noire, sur la formation en France d'officiers libyens et surtout sur une nouvelle coopération en matière d'armements. La partie n'est pas gagnée d'avance.

La Libye vient d'attribuer onze permis de recherche pétrolière sur quinze à des compagnies américaines. Mais quarante nouveaux permis seront concédés en mars, et les dossiers militaires avancent. Kadhafi l'a dit à Alliot-Marie : il veut des chasseurs Rafale et des hélicoptères Tigre. Le gouvernement français préférerait d'abord rénover quelques dizaines de vieux Mirage, de même que les blindés russes équipant l'armée de terre.

Kadhafi, qui a de gros problèmes d'immigration clandestine, veut aussi acheter un système de surveillance des frontières. Mais là c'est l'armée française qui refuse que lui soient vendues par Sagem ou Thales mille jumelles à intensification de lumière. Pour l'instant, la Libye ferait de la solution de ce problème un préalable à la poursuite de discussions. Les affaires reprennent...


© le point 10/02/05 - N°1691 - Page 49 - 286 mots

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